une vallée transitoire où ta majuscule s'est perdue errante en ses parties
l'appendice humilié arrachant ses lambeaux à la langue — honteuse bègue en un drapé de soie qui à force de prétendre mourra sans
le partage
la folle partition
géhenne
un baiser-lèpre
l'hérédité s'accolant à la faute il est temps de choisir et de trancher
alors elle
te parcourant d'un monde l'autre — découvre enfin le sien et l'affirme et t'infirme
peu importe l'erreur puisqu'elle vaut vérité
alors
il est tentant c'est vrai de confier à la mort
ce qui n'est pas de son ordre mais la vie mais
par-delà ton reflet ton corps déshérités — combien d'attentes dérisoires —
au-delà de la chair et des cris du parquet
des cuisses des reins du dos tout cela qui se cède à bas prix tout cela désormais qui accepte le mouvement et la contradiction
alors elle
dans le sarclage des côtes abandonne le manque l'habitude du manque
alors elle s'apprête enfin à se noyer dans le fleuve désirant des pleins et des déliés
géhenne petite si petite la vallée
que sa tristesse tient dans la main
n'y trace qu'une ligne brûlante sur laquelle souffle l'enfant souffle souffle
puisque son œil ne pense pas non ne pense plus mais
la vie mais
en lui annonce son véritable roi l'indicible et bavard souverain
puisqu'en son œil l'enfant te voit
il te voit et t'éteint
Anne Mulpas, Les pattes frêles du désir, Anthologie Triages, Voix unes & premières (Vol.I). Editions Tarabuste 2016