Le nom de la chose - revue Apulée n°2

Apulée n°2 - Création graphique©Laure Schaufelberger



Dans l’ardente continuité de son numéro inaugural, fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, la revue Apulée continue d’investir tous les territoires de la littérature, de la pensée vive, de la poésie et de l’image. Et c’est autour du thème De l’imaginaire et des pouvoirs – avec une mise à l’honneur de Driss Chraïbi et de Mohammed Dib – que s’articule cette nouvelle livraison : tant à travers les fécondes controverses qu’il suscite, que dans les heureuses fictions qu’il inspire, au gré de réflexions ouvertes, d’alertes parades ou d’harmonies secrètes…


Comité de rédaction :
Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad,
Abdellatif Laâbi, Catherine Pont-Humbert.




Le nom de la chose 
(extrait)


Âme condamnée, brûlée vive, mal famée, hystérique sans-nom, sage-femme destituée — en un mot possédée Je n’ai pas peur de ta chair carbonisée, de tes cendres — au bois du bûcher subsiste la forêt. Irréductible.
Je n’ai pas peur de tes cris — la douleur de ton corps, ton esprit qui, sous la torture, y cède, sont encore une parole. Irréductible. Elle te relie, elle me traverse. Profite, je suis faite de trous, ouverte à ce qui ne cesse d’être. (écrire est une percée dans le tissu des songes)

Incantation.

Sarabande des saisons, les hommes naissent les hommes meurent, à bien y regarder seuls nos crimes font dates. Cette nuit, la lune n’est pas pleine, c’est l’œil qui englobe à revers, à rebours ses propres ténèbres 

— cette nuit, les chiens se taisent.

Incantation 

— de profundis, la page entrouvre ses lèvres, le poème pointe — je l’entends par la gorge.

L’athamé entaille la peau, le double fil de sa lame, son manche d’os noir si concret dans la paume attestent d’incertains réels. Une goutte de sang versée. (s’y mêlent pincée de romarin, d’achillée mille-feuille et branche de cyprès — le mortier officie, de même que la mémoire)
Assise au foyer déserté — plus d’homme, plus d’enfant — ma solitude te réveille, ta présence corrobore la mienne. S’agit pas de renaître mais de sentir ce que ton histoire comporte d’avenirs.

Incantation. Et sortilèges.
(plus on brûle, plus on a froid, c’est étrange)

A.M.


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Echophanies - recueil éd. Tarabuste